LE CANAL DU MIDI AU MAS
Par Eliane LAUTRE
Le tronçon de Toulouse à Trèbes,
financé par Pierre-Paul Riquet lui-même, incluant les
bassins et systèmes d’alimentation en eau a constitué
la première tranche commencée en1666. Dès qu’il
fut terminé il fut mis en eau et son exploitation a commencé
avec une liaison régulière de la barque de poste entre
Toulouse et Castelnaudary. Le trajet se faisait en une journée.
Chaque ouvrage du canal porte un nom qui lui est généralement
donné par un cours d’eau, un village, une ferme.
Sur les cinq écluses du Mas, quatre portent le nom de fermes
environnantes (Le Roc, Laurens, La Domergue, La Planque). La Méditerranée
est la première écluse du tronçon qui descend
vers la mer. Au départ elle se nommait Le Médecin.
Reconstruction de la maison éclusière
de la Domergue
A
la création du canal, la maison éclusière fut
bâtie coté nord. En 1846 décision fut prise
de reconstruire la maison coté sud. La maison coté
nord étant très humide, cette insalubrité provoquait
beaucoup de maladies chez les enfants. En 1847 débute la
reconstruction.
Antoinette Calvayrac est née en 1850 coté sud, ses
sœurs étaient nées coté nord.
Un accident dramatique à la Domergue
Le 9 juin 1873 noyade de monsieur Jean Cazaneuve, trente
deux ans, mari de Claire Calvayrac, père de deux enfants
: Vincent 3 ans, plus tard éclusier à Saint Jean à
Carcassonne et Pierre bien connu des massogiens. La pêche
à l’épervier était autorisée et
les poissons faisaient partie de la nourriture de la maisonnée.
Un jour Monsieur Cazaneuve en lançant l’épervier
depuis une porte de l’écluse accrocha une maille du
filet à un bouton de son gilet. L’épervier étant
plombé, l’entraîna. Il bascula dans le bassin
et tomba sur la grande pierre qui retient les portes de l’écluse.
On appelait cette pierre « l’esperou ». Il fut
tué sur le coup.
La même année Antoinette Calvayrac épousa Léon
Lacroix qui devint éclusier à la Domergue. La veuve
de Jean Cazaneuve resta à l'écluse avec ses deux enfants
chez sa sœur avec ses parents. Au fil des ans, la famille de
Léon Lacroix s'agrandissant il devint difficile de nourrir
la famille avec un salaire d'éclusier.
Au lieu- dit « l’Embarcadou » à 600 m de
la Domergue, il y avait une usine à chaux, propriété
de la famille Cazaneuve du Fournayrac. Léon Lacroix n’ayant
pas un gros salaire dût aller travailler à l’usine.
Sa femme éclusait les bateaux et lorsqu’ un garde ou
un ingénieur faisait une visite, elle allait vite dans le
champ et donnait quelques coups de sifflet qui furent toujours entendus
par quelqu’un qui savait que c’était le signal
de rentrer pour l’éclusier. Celui-ci partait en galopant
dans le champ et arrivait toujours avec une hache ou un autre outil
et prétendait nettoyer les talus ou couper des arbres.
On peut dire que le travail au noir ne date pas d’aujourd’hui
!
"L'embarcadou" était
un embarcadère pour charger les bateaux à l'époque
ou il se fabriquait au Mas de la chaux, du plâtre et du "verdet"
pour la vigne.
Le
souvenir d’un accident
Un bateau Citerna qui descendait à vide entra à grande
vitesse dans le bassin. Le filin d’amarrage cassa et le bateau
monta sur les portes aval de l’écluse.
Quelques bateaux qui naviguaient sur le canal
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Bateaux en bois
Parmi les plus vieux : "l’hirondelle" et le
"ça me suffit".
Certains portent des noms féminins : "Marie-Thérèse","Janine",
"Micheline", "Maryvonne"…
" Arc en ciel" (propriétaire Miquel marié
avec Irène Paul de l’écluse du Roc).
D’autres des noms de villes : "Ville de Trèbes",
"Ville de Sète","Ville d’Agen",
"Ville de Toulouse", "Ville de Marseillan"…
ou des noms de départements : "Lot", "Gers",
"Tarn"…
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Pinardiers en bois
La "Belle Paule", le bateau de l’Epargne (qui
était une chaine de magasins). Paule étant le nom de
la fille de Mr Sennac, le patron de l’Epargne qui était
marié avec la fille de Mr Peyrounet, propriétaire
de Ferrabouc-Malbouisson-Capelle.
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Pinardiers en métal
" Le Bacchus", "Dyonisos"(Epargne)
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Bateaux en fer pour transports divers et de
vin Castelvin (négoce en vin)
"Montauban", "Frontignan", "Carcassonne","Castelnaudary",
"Bram", "Castets", "Adge"…
portent des noms de ville
"Fleurette", "Surcouf", "Aramis",
"Pacific", "Atlantic"…
Ces bateaux transportaient des céréales, du sel,
de la pâte à papier, du tabac, des fûts de
vin…
Certains avaient de citernes pour le vin.
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Pétroliers
Desmarais frères 1ère compagnie en 1924
Ces bateaux portaient des noms de province : "Provence",
"Languedoc", "Aquitaine", "Guyenne",
"Saintonge", "Gascogne", "Béarn",
"Flandres"…
Le "Roussillon" était un bateau très
long qui ne passait pas souvent, il fallait qu’il plie
le gouvernail et se mette en travers du bassin.
Compagnie Jupiter (jaune et rouge)
"Venus", "Vertume", "Vellada",
"Venasque" (tous les noms commencaient par ‘V’.
Il y en avait d’autres mais qui empruntaient surtout le
lattéral.
Citerna
"Somport", "Aneto", "Aubisque",
"Maladetta", "Perthus", "Vignemale",
"Puymorens", "Portalet", "Canigou",
"Vallier", "Roncevaux", "Aspin",
"Tourmalet" (Lieux des Pyrénées)
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